Le Foyer du Monde est une maison d’hébergement temporaire pour demandeurs d’asile et migrants vulnérables. Sa mission est d’offrir un milieu de vie chaleureux et sécuritaire pour les résidents, tout en les accompagnant dans leur intégration et installation à un nouveau chez soi. Leur approche se base sur des valeurs d’inclusion, d'hospitalité, de dialogue et de faire ensemble.
C’est depuis l’automne 2021 que nous avons l’honneur de collaborer avec le Foyer du Monde pour offrir des services hebdomadaires de danse-thérapie aux enfants résidents. Les âges variés de ces petits donnent des opportunités de thématiques multiples à explorer ensemble, afin de favoriser leurs apprentissages et leur intégration à leur nouveau milieu de vie.
Ci-dessous, Eva Gracia-Turgeon, coordonnatrice du Foyer, et Gelymar Sanchez, la danse-thérapeute responsable du projet, répondent à quelques questions sur l’organisme et l’impact de la danse-thérapie.
Eva : « Même si nous parlons d’installation, on devrait plutôt parler de la réinstallation parce que les résidents que nous accueillons ont quitté leur pays pour se réinstaller au Canada, il y a une notion de déplacement forcé qui est cruciale. Ici, on inclut donc les démarches administratives comme l’ouverture d’un compte bancaire, l’inscription des enfants à l’école ou la recherche d’appartement et le soutien au déménagement. Ensuite, quand on parle d’intégration, on se réfère plus aux aspects sociaux et culturels qui passent à travers l’apprentissage de la langue (cours de francisation) et l’apprentissage du fonctionnement du système québécois et de ses mœurs (accès aux services de santé, naviguer le système scolaire, recherche d’emploi, etc.) ».
Eva : « Les résidents restent en moyenne 1 an sur place. Pour la plupart c’est le temps nécessaire à apprendre la langue, régulariser son statut migratoire, se trouver un emploi et un appartement, inscrire les enfants à l’école et trouver une garderie ou halte-garderie qui leur offre des places à prix modique puisque les demandeurs d’asile ne sont pas éligibles aux places subventionnées ».
Eva : « En les accompagnant dans chacune des démarches administratives propres à une réinstallation, en les appuyant dans leurs démarches d’immigration, en les accompagnant pour apprendre à se déplacer à Montréal, à communiquer en français ou à s’outiller avec les ressources communautaires disponibles, en leur offrant un soutien psychosocial et en leur offrant des activités socioculturelles de semaine et fin de semaine ».
Eva : « La danse-thérapie fait partie d’un projet développé pour outiller les parents et aider au développement global de l’enfant à travers différents médiums. Les cours de danse-thérapie chaque semaine offrent un répit aux parents tout en permettant aux enfants d’écouter leur corps, leurs émotions et de prendre conscience du lien entre les deux ».
Gelymar : « Les séances sont structurées dans le but de répondre aux besoins des enfants et de promouvoir une ambiance leur permettant de faire l’expérience de s’amuser en sécurité (psychologique et physique) et bâtir des liens riches entre eux et avec la danse thérapeute. Au cours des séances offertes, nous avons exploré la conscience corporelle, la conscience rythmique, la capacité de leadership et la capacité de suivre un leader, la régulation émotionnelle et comportementale, la créativité et l’expression des besoins. Ces diverses thématiques sont explorées par le biais de jeux créatifs engageant le corps et l’esprit ».
Gelymar : « Les participants ne comprennent pas tous le français. Pendant les séances, je m’intéresse à la langue maternelle des enfants. J’anime les séances en trois langues (français, anglais, espagnol). Pour ceux qui parlent des langues que je ne connais pas (par exemple, le turc), je leur demande de m’apprendre des mots en lien aux activités de la séance. Ce fonctionnement met en valeur la langue maternelle des participants, facilite leur intégration et leur communique que leur culture et origine sont accueillies dans les séances de danse-thérapie ».
Gelymar : « Chaque enfant a ses forces et défis uniques. Les séances sont adaptées à leurs besoins pour mettre en valeur leurs forces et les soutenir à surmonter leurs défis, tout en éprouvant du plaisir à s’amuser ensemble. Les enfants sont très réceptifs et cheminent bien à travers les objectifs thérapeutiques individuels et de groupe de chacun. De façon globale, je remarque que les enfants acqusièrent de stratégies d’autorégulation (par exemple : bouger rapidement avec de grands mouvements pour dépenser de l’énergie; faire un exercice de respiration pour se détendre; nommer leurs émotions, besoins et limites pour être compris, soutenus et respectés) et qu’ils développent des compétences interpersonnelles qui soutiennent leurs interactions avec les autres enfants et les adultes ».