Le Centre national de danse-thérapie offre depuis 2019 des services dans deux communautés de l’Arche, à Beloeil et à Montréal. Ces organismes ont créé des environnements où les personnes avec déficience intellectuelle vivent, travaillent, apprennent et évoluent ensemble.
Depuis l’hiver 2023, nous sommes heureux d’avoir élargi nos services de danse-thérapie grâce à un partenariat avec l’Arche Lanaudière. Éric Chartier, directeur de l’Arche Lanaudière, ainsi que Sandra El-Sabbagh, danse-thérapeute stagiaire, répondent ci-dessous à quelques questions sur l’organisme et l’impact de la danse-thérapie pour leurs résidents.
Parlez-nous de l’Arche Lanaudière? Quelle est votre vision?
Éric : Fière de ses 20 ans d’existence, L’Arche Lanaudière (Joliette), dernière-née des communautés de L'Arche au Québec, est vibrante et accueillante. Elle compte deux foyers et des ateliers de jour, ainsi qu'un projet de répit. Bien intégrée dans son milieu, L'Arche Lanaudière propose des programmes de jour permettant aux personnes vivant avec une déficience intellectuelle de révéler leurs talents et de s'impliquer socialement.
Qui sont les résidents de l’Arche?
Éric : Il y a un sens à la vie de chaque personne. Découvrir sa propre valeur au-delà de ses faiblesses, croire en soi, en ses propres capacités, ce n'est pas toujours donné, encore moins quand notre différence peut devenir prétexte à l'exclusion. Comme tout le monde, la personne ayant une déficience intellectuelle a ses forces et ses limites. Cependant, ses limitations sont parfois plus évidentes que la moyenne des gens.
À l'Arche Lanaudière, nous avons la conviction que le jour où chaque personne aura son rôle à jouer dans la société, il sera enfin plus facile de comprendre la valeur inestimable des personnes ayant une déficience intellectuelle. Parce que notre société a besoin d'exemples tangibles d'humanité, de gens qui savent rester fidèles aux petites choses du quotidien et qui nous ramènent aux valeurs essentielles, nous croyons qu'il faut leur donner la place qui leur revient. Notre expérience de vie à leurs côtés nous prouve que cet échange mutuel est un chemin d'humanité exceptionnel et surtout souhaitable.
Quelle place occupe l’art dans la vie des résidents de l’Arche?
Éric : L’art est un moyen d'expression de soi qui permet aux membres de L'Arche d'exprimer leurs talents à travers différents médiums (peinture de toiles, bricolages, vidéos, dessins, danses, musique et chants). À L'Arche, nous croyons au potentiel des personnes et nous tentons par différents moyens de leur permettre de mettre en application leurs talents respectifs.
Pourquoi avez-vous choisi la danse comme moyen thérapeutique?
Éric : Ce médium très inclusif permet à toutes les personnes ayant une déficience intellectuelle d'être en contact avec leur corps et leurs émotions par le biais de la musique et la danse. Le professionnalisme de la danse-thérapeute permet à chaque personne de pouvoir prendre part à l'atelier et ainsi développer ses sens et son côté artistique. Ces ateliers de danse-thérapie permettent à nos membres de vivre une expérience de groupe.
À quelle fréquence ont lieu les séances de danse-thérapie?
Sandra : Les séances de danse-thérapie sont offertes une fois par semaine et chaque séance dure une heure.
Quels impacts et bienfaits observez-vous auprès des résidents pendant les séances de danse-thérapie?
Sandra : La danse-thérapie a un très grand impact sur les participants. Ce qui en ressort, en premier lieu, c’est l’enthousiasme, la gaieté et l’énergie que la danse et le mouvement apportent. Il y a une joie contagieuse qui se répand à chaque fois, des cris de bonne humeur et des sourires resplendissants. Il y a aussi beaucoup de créativité que l’on observe grandir et s’approfondir chez les participants d’une séance à l’autre. Chacun a la possibilité d’explorer ses propres capacités, son ingéniosité, et même ses limites, et de pouvoir les reconnaître. D’une séance à l’autre, on remarque de plus grandes expansions et plus d’équilibre au niveau musculaire, moins de timidité et une plus grande confiance en soi. Les participants s’épanouissent un peu plus chaque fois. On voit plus d’assurance dans leur mouvement et leur danse.
Avez-vous une belle histoire, un moment émouvant à nous partager de ces séances?
Sandra : Chaque séance en elle-même est émouvante et spéciale.Regarder les beaux visages des participants et leurs yeux brillants apporte une satisfaction et une appréciation indescriptibles.De savoir que la danse-thérapie motive une personne de se présenter au cours semaine après semaine, de sentir les efforts et les initiatives que le groupe en entier et les individus particulièrement sont en train d’investir, est en soi un sentiment d’exaltation que je porte au fond de moi. L’amour et la finesse perçus disent à quel point les résidents de l’Arche Lanaudière sont tendrement exceptionnels. Une personne non verbale qui essaie de communiquer, une autre à mobilité réduite qui veut donner des coups de pied, une troisième personne vivant avec un trouble de la santé mentale qui prend des initiatives… tous sont des moments très riches en émotion.
Avez-vous autre chose à partager?
Sandra : Je me considère chanceuse de pouvoir être présente en tant que danse-thérapeute stagiaire avec les résidents de l’Arche Lanaudière. Je suis ravie de faire la connaissance de ces personnes merveilleuses, touchantes et uniques. Après chaque séance, je reçois leur amour et leur tendresse et, en nous promettant de nous revoir la semaine prochaine, je quitte la résidence en étant une meilleure version de moi-même.
Éric : Merci au CNDT de nous permettre de vivre cette expérience si enrichissante avec votre équipe très professionnelle et humaine. Vous faites, vous aussi, une belle différence dans notre société.