De Jiří Kylián
Kaguyahime, c'est la « princesse Kaguya », personnage principal d'un conte populaire japonais du Xe siècle ayant inspiré une foule de films, livres, pièces de théâtre, dessins animés, mangas et jeux vidéo. C'est aussi le titre d'une oeuvre musicale du compositeur contemporain Maki Ishii sur laquelle il demanda à Jiří Kylián de créer une chorégraphie, en 1988. Ce fut son premier ballet intégral et narratif. Optant pour l'épure, Kylián n'a conservé que la trame principale du conte : venue de la lune, Kaguyahime est une jeune femme d'une beauté si exceptionnelle que les princes se bousculent à la porte du modeste coupeur de bambous qui l'a recueillie lorsqu'elle était enfant. Les rivalités ne tardent pas à susciter la violence. Même l'empereur se fait pressant pour l'épouser. Kaguyahime les refusera tous et suivra les soldats venus pour la ramener dans son monde.
Grand maître de la danse néoclassique européenne, Jiří Kylián a signé une centaine de chorégraphies, puisant à des sources d’inspiration très diverses et renouvelant sans cesse son vocabulaire. Né à Prague en 1947, ce virtuose se forme au Conservatoire de Prague et à la Royal Ballet School de Londres et danse quelques années au sein du Ballet de Stuttgart tout en faisant ses premiers pas de chorégraphe. Directeur artistique du Nederlands Dans Theater de 1975 à 1999, il y crée une soixantaine d’œuvres et y fonde deux compagnies sœurs pour faire danser de très jeunes professionnels et des danseurs matures. Après avoir quitté son poste, il reste conseiller artistique et chorégraphe résident du NDT. Habile à dévoiler les paradoxes et la vulnérabilité de l’âme humaine ainsi qu’à questionner notre temps, cet humaniste est doué d’une inventivité qui semble sans limite. Aujourd’hui, plus de 80 compagnies et écoles de danse interprètent ses œuvres à travers le monde. L’acquisition de Kaguyahime vient enrichir le répertoire des Grands Ballets Canadiens de Montréal qui compte déjà plusieurs œuvres de Jiří Kylián, dont Symphonie des Psaumes, Bella Figura, Six Dances et Forgotten Land.
Maki Ishii est l’un des plus grands compositeurs japonais du XXe siècle. Il a été le premier à considérer l’histoire de Kaguyahime comme un argument chorégraphique. Après avoir étudié la composition et la direction d’orchestre à Tokyo, il poursuit ses études à l’Académie de musique de Berlin en 1958. Au cours des 20 années suivantes, il sera très actif en tant que compositeur, chef d’orchestre et organisateur, tant à Berlin qu’à Tokyo. En 1984, Maki Ishii crée la suite Kaguyahime pour percussions traditionnelles japonaises (interprétées par l’ensemble Kodo) et percussions occidentales. Lorsqu’elle est jouée avec le ballet de Jiří Kylián, la pièce comprend aussi un ensemble de gagaku, musique de cour du Japon, en costumes traditionnels. Intégralement jouée en direct, la musique occupe une place majeure dans Kaguyahime, avec tantôt le son du délicat et lancinant du ryuteki (flûte de bambou) et tantôt celui du puissant daiko (immense tambour à peau tendue pouvant symboliser l’astre lunaire). Si un rythme enjoué accompagne les réjouissances et célébrations villageoises, de vigoureux roulements de tambour soulignent les prouesses des prétendants qui s’affrontent. L’environnement sonore est fascinant et parfois totalement enivrant. Maki Ishii meurt au Japon en avril 2003 à l’âge de 66 ans.
En japonais, le nom « kodo » est porteur d’une double signification. Il désigne d’abord le « battement du cœur » : la source originelle de tout rythme. On dit du son du grand taiko qu’il ressemble au battement de cœur de la mère tel qu’entendu par l’enfant en son sein; ce n’est d’ailleurs pas un mythe que les nourrissons s’endorment souvent au bruit de ses vibrations tonnantes. Ensuite, compris différemment, le mot peut signifier « enfant du tambour », ce qui traduit le souhait des membres de Kodo de jouer du tambour simplement, avec un cœur d’enfant. Depuis les débuts du groupe au Festival de Berlin en 1981, Kodo a donné plus de 3 400 spectacles sur cinq continents, consacrant un tiers de l’année aux tournées à l’étranger, un deuxième tiers aux tournées japonaises, et le dernier tiers au repos et à la création de nouvelles compositions sur l’île de Sado.
Le mot « gagaku » signifie « musique élégante, raffinée ». Cithares, luths, percussions, flûtes et le traditionnel orgue à bouche shô, composé de tuyaux de bambous, font partie de son attrait ancestral. Parvenu au Japon au VIe siècle, le Gagaku est associé à la Cour impériale nipponne et considéré comme étant la musique orchestrale la plus ancienne du monde.
Composée par Maki ishii, sous la direction de Michael De Roo et interprétée par Kodo avec l'ensemble Gagaku et les percussionnistes de l'orchestre des Grands Ballets Canadiens de Montréal
Michael Simon
Joke Visse
Férial Simon
Michael Simon
Créée pour
Nederlands Dans Theater (NDT1) (1988 - Pays-Bas)
Première par
Les Grands Ballets Canadiens de Montréal (octobre 2012 - Place des Arts, Montréal)
Nombre de danseurs 22 — Durée 85 min. (avec entracte)