À l’apparition du ballet, au début du XVIIe siècle, les hommes dansaient avec des chaussures à talons dotées de semelle de cuir et d’étoffes. Les femmes sont apparues sur scène en 1681 avec des accessoires semblables aux pieds. Bien plus tard, Marie Anne de Camargo a causé une petite commotion en créant de simples chaussures qui ont décuplé la liberté de mouvements des interprètes et leurs prouesses aériennes.
1832
Le costume de ballet a évolué de façon notoire durant la Révolution française, avec l’apparition d’une chaussure de satin faite avec une semelle courte et un bout replié sur les orteils, leur permettant de se tendre et de pointer totalement. Durant la période romantique, une image de la femme aux allures de créature légère et voluptueuse a fait son apparition : la danseuse Marie Taglioni en a fait une démonstration mémorable dans la Sylphide en 1832, en donnant aux spectateurs l’impression qu’elle était en apesanteurs grâce à ses pointes.
Telle est l’image qui a longtemps collé aux chaussons. Pendant que la France misait sur la délicatesse et le raffinement, avec des chaussons rembourrés de coton, de crin ou de carton, les Italiens promouvaient la performance, en créant des chaussons au support plus rigide.
Nombre de fouettés réalisés sans que la pointe de la danseuse Pierina Legnani ne sorte de la circonférence d’une pièce de monnaie, lors d’une représentation du Lac des Cygnes, à la fin du XIXe siècle. Plusieurs ballerines russes ont ensuite tenté de l’égaler, entraînant la création de chaussons plus durs, avec des semelles plus rigides. Pendant près de 100 ans, les chaussons ont gardé l’aspect que lui a donné Anna Pavlova : cambrure ferme, boite renforcée, extrémité plus large, afin de favoriser l’équilibre.
Dès sa création, la danse moderne est entrée en opposition avec la danse classique. Plusieurs puristes du ballet affirment que la danse moderne est du « ballet aux pieds nus », alors que certains partisans de la danse moderne décrivent le chausson de pointe comme un instrument de torture contre nature. Les milliards d’ampoules aux pieds qu’elles ont générées en seraient la preuve.
Usure
De nos jours, les différents tissus technologiques permettent la fabrication de pointes presque indestructibles, plus souples, plus confortables et résistant trois fois plus longtemps que leurs ancêtres.