Heitor Villa-Lobos a été le premier compositeur brésilien d'envergure internationale et, avec l'Argentin Alberto Ginastera, l'un des deux plus grands d'Amérique du Sud. De tous les compositeurs, sa vie a aussi été l’une des plus captivantes et insolites. À son sujet, il existe en effet une foule de récits étonnants, à peine croyables, comme sa présentation du gramophone à des tribus isolées de la jungle, ou encore cet épisode où il a échappé de justesse au cannibalisme. Même sa date de naissance n’est pas confirmée, bien que la plupart des sources s'accordent désormais pour l’établir au 5 mars 1887.
Villa-Lobos apprend très tôt la musique, mais de façon décousue et essentiellement par lui-même. Il aime surtout le violoncelle, l'instrument qui constitue un « orchestre » entier dans sa pièce la plus célèbre, Bachianas brasileiras n° 5. Cette œuvre et trois autres Bachianas (les 4, 7 et 9) ̶ inspirées par Bach et fortement influencées par le folklore brésilien ̶ constituent la musique qui accompagne le spectacle Cadeau enchanté, une chorégraphie originale d'Ivan Cavallari pour Les Grands Ballets.
C’est aussi le violoncelle qui permet au jeune Villa-Lobos de gagner de l'argent en travaillant dans des cafés et des cinémas. À 18 ans, il se rend dans des régions reculées du Brésil et étudie pendant sept ans la musique traditionnelle de tribus amazoniennes, ce qui influencera grandement et durablement ses propres compositions. Il vit ensuite à Paris (1923-1930), où il assimile la tradition européenne du concert. Enfin, troisième élément crucial de sa formation musicale : les chôros, ces groupes de musiciens de rue de Rio dont le style musical libre, séduisant et improvisé correspond parfaitement à sa personnalité.
On n’a aucune certitude quant au nombre d’œuvres composées par Villa-Lobos. Selon le mode de calcul, leur total varie énormément, d'environ 700 à plus de 3 000. Une grande partie de son catalogue est constituée de matériel pédagogique (dans les années 1930, on lui a confié la responsabilité de réformer le système d'éducation musicale du pays), de nombreuses pièces ont fait l’objet de divers arrangements, et plusieurs sont perdues. Quoi qu'il en soit, il a été extrêmement prolifique et disait souvent qu'il écrivait « par besoin vital ». Il n’était pas rare de le voir griffonner sur du papier au beau milieu d'une conversation, au cours d’un repas ou d’une fête.
Les images, les sons, les couleurs et l'esprit du Brésil imprègnent une grande partie de la musique de Villa-Lobos, mais l’influence des compositeurs russes et des impressionnistes français y est elle aussi pour beaucoup. Cependant, au-delà des frontières et des influences nationales, plusieurs de ses œuvres possèdent un doux lyrisme et un charme décontracté.