De son vécu (de 1678 à 1741, soit à la même époque que Bach et Händel), Vivaldi était célèbre aux quatre coins de l’Europe. Il est peut-être même le compositeur vénitien le plus connu et admiré de tous les temps. Son amour pour la couleur, les effets brillants, la splendeur, le faste et le prestige faisait de lui un vrai héritier de Venise. Même perçu comme une attraction touristique, il recevait parfois d’un étranger une commande de composition en souvenir de la ville italienne.
Vivaldi était prolifique pour son époque, déjà considérée fertile. Il a d’ailleurs affirmé avoir composé plus de 90 opéras, même s’il est plus probable qu’il en ait réellement composé la moitié. Son œuvre compte un répertoire étendu de musique chorale sacrée (psaumes, hymnes, motets, oratorios, magnificat, etc.), dont la grandiose Gloria, probablement la plus notoire. Cela dit, Vivaldi est aujourd’hui principalement réputé pour sa musique instrumentale, notamment pour la quantité phénoménale de concertos pour violon (au-dessus de 200) qu’il a composé et qui ne représente qu’une fraction de ses pièces pour instruments (plus de 500), entre autres pour la mandoline, la viole d’amour, le hautbois, la flûte à bec, le basson, le violoncelle, le cor, la flûte et la trompette. Il est également l’auteur de concertos solos, de concertos doubles, de concertos pour ensemble (plus de deux solistes), de concertos pour orchestre double et de concertos pour orchestre à cordes sans soliste. Son concerto le plus célèbre est Les Quatre Saisons.
Le père de Vivaldi était violoniste, et bien que le compositeur ait appris à en jouer enfant, il a plutôt concentré ses années de formation à se préparer à la prêtrise. Il est ordonné prêtre en 1703, à l’âge de 25 ans, mais cesse vite la célébration de messes pour de présumées raisons de santé. Sa chevelure rousse lui vaut alors le surnom de prêtre rouge. À peine six mois après son ordination, il accepte un poste à l’Ospedale della Pietà. La réputation de l’orphelinat à vocation musicale pour filles soutenu par l’État est telle que, dès son embauche, Vivaldi reçoit le double du salaire de son père alors à l’emploi de Saint-Marc, la plus importante église de la ville. Il passe la majorité de sa carrière à enseigner, à composer et à se produire à l’orphelinat.
Vers la fin de sa vie, Vivaldi s’installe à Vienne dans l’espoir d’offrir ses services à l’empereur Charles VI, lequel meurt subitement d’un empoisonnement alimentaire. Le compositeur voit alors sa fortune fondre et décède en l’espace d’un an. Tout comme Mozart moins d’un demi-siècle plus tôt, Vivaldi connaît une chute rapide, recevant les funérailles les plus modestes qui soient à Vienne. L’emplacement de sa tombe demeure aujourd’hui inconnu; fin d’une cruelle ironie pour un artiste dont l’étoile a su remonter au plus haut point du firmament des immortels.