Née à Berlin en 1924, Ludmilla Chiriaeff suit ses premiers cours de danse à l'âge de six ans avec Alexandra Nicolaïeva issue du Bolchoï. Michel Fokine, ami de son père et son maître spirituel l’inspire et l’encourage à s’orienter vers la chorégraphie et l'enseignement.
Avec le début de la Deuxième Guerre, sa carrière au Ballet de l'Opéra de Berlin s'interrompt. À la fin des hostilités, on la retrouve en Suisse où elle forme sa première compagnie: Les Ballets du Théâtre des Arts de Genève. En janvier 1952, Ludmilla Chiriaeff s'installe au Québec. Elle fonde alors, Les Ballets Chiriaeff qui donnent leurs premières représentations en 1955 à Radio-Canada et se produiront dans plus de cent émissions.
Dès 1957, encouragée par de nombreuses personnalités, dont le maire Jean Drapeau, elle transforme Les Ballets Chiriaeff en compagnie officielle et crée Les Grands Ballets Canadiens, la première compagnie de ballet professionnelle au Québec à survivre jusqu’à aujourd’hui. Peu après, elle met sur pied l'Académie des Grands Ballets Canadiens, une école pour laquelle elle établit un programme de formation en loisir et par la suite d'enseignement. Au cours de la saison 1966-1967, à la demande même du ministère des Affaires culturelles du Québec, madame Chiriaeff fonde l'École supérieure de danse des Grands Ballets, prolongement naturel de l'Académie, qui deviendra en 1979, l'École supérieure de danse du Québec, la seule école accréditée pour former des danseurs de ballet professionnels.
C'est à partir de 1963 que Ludmilla Chiriaeff s'entoure de chorégraphes chevronnés comme Fernand Nault et Anton Dolin.
En 1975, Ludmilla Chiriaeff établit un programme de « concentration-ballet » à l'école Pierre-Laporte de la Commission scolaire Sainte-Croix , le premier au Québec qui allie l'enseignement professionnel de la danse classique à l'enseignement académique. Elle obtient, en 1979, la prolongation de ce programme de formation professionnelle en danse au cégep du Vieux Montréal. Quelques années plus tard, soit en 1986, madame Chiriaeff devient fondatrice du programme de ballet destiné aux élèves de la 6e année au primaire et des niveaux secondaires, implanté à l'école Laurier de la Commission des écoles catholiques de Montréal, et dont les cours de ballet ont lieu à l'École supérieure de danse du Québec.
Avec ces écoles et par le recrutement des meilleurs danseurs à travers le Québec, la relève s'avère dorénavant assurée puisque tout Québécois qui le désire et qui répond aux exigences peut obtenir, grâce à des bourses d’études, une formation en danse classique. En 1981, un projet marquait la réalisation d'un rêve de vingt-cinq années : la création de la Maison de la danse, pierre angulaire d'un concept d'intégration de la formation, de la création et de la production.
Ludmilla Chiriaeff a reçu d'importantes distinctions et mérites depuis 1957. En 1980, elle recevait le Prix Denise-Pelletier pour les arts d'interprétation, décerné par le gouvernement du Québec. Elle est aussi compagnon de l'Ordre du Canada depuis 1984 et Grande Officière de l'Ordre national du Québec depuis 1985. De plus, trois doctorats honorifiques lui ont été décernés par l'Université McGill (1982), l'Université de Montréal (1982) et l'Université du Québec (1988). En 1992, elle recevait la Médaille Nijinski, médaille remise à des artistes internationaux en reconnaissance de leur importante contribution au monde de la danse. C'est en novembre 1993 qu'on lui décernait le Prix du Gouverneur général pour les arts de la scène. Elle a également été nommée Personnage historique par le Gouvernement du Québec en 2022.
Grâce à son inlassable enthousiasme et à sa persévérance, madame Chiriaeff, qui nous a quittés le 22 septembre 1996, a réussi à changer considérablement l'image de la danse au Québec. Son élan est à la source de nombreuses activités significatives qui se déploient encore aujourd'hui.