Boris Eifman crée sa propre compagnie en 1977, rompant avec les règles strictes de l’académisme russe et affirmant ainsi une volonté féroce d’indépendance. Il développe son propre style face aux amateurs de danse classique et de danse contemporaine. Il résiste aux courants et aux modes pour imposer une forme d’expression très personnelle. Il décrit ainsi la composition créative : « Tout est dans l’esthétique, mais la beauté formelle du geste n’est pas une fin en soi. Cela ne signifie pas que la qualité plastique de la chorégraphie soit moins importante que le fait de trouver une certaine intensité dramatique des situations. Je crois simplement que l’on ne peut pas saisir la beauté comme une notion abstraite. Quand je crée un mouvement, c’est bien sûr avec l’idée de créer une émotion exprimant un sentiment, et cette émotion passe nécessairement par un besoin esthétique. »
Le chorégraphe, un artiste inspiré à la nature passionnée, est visiblement déterminé à poursuivre sa recherche de la perfection. Après s’être battu durant de nombreuses années contre la rigidité du système soviétique, il est cependant totalement conscient de la place qu’il occupe aujourd’hui en tant que créateur dans son propre pays. L’Eifman Ballet Théâtre comprend actuellement environ soixante danseurs et possède enfin son Centre chorégraphique soutenu par l’État et par la ville de Saint-Pétersbourg. Sa compagnie est la seule en Russie susceptible de produire une ou deux créations par année, en dépit des difficultés permanentes du pays. En témoignage de la force créatrice d’Eifman, citons : « Il est vrai que la création signifie pour moi la vie et la liberté. » Depuis 1990, la compagnie tourne fréquemment en Allemagne, en Israël, en Pologne, en Espagne, en Autriche, en Suisse, en France, en Turquie et en Hollande. Sa réputation n’a cessé de croître au fil de ses nouvelles créations, tout particulièrement aux États-Unis.
Depuis 1997, Eifman présente sa création La Giselle rouge à Saint-Pétersbourg, un ballet qui relate la vie de la célèbre ballerine russe Olga Spessivtseva. Pour la première fois en octobre 1997, le Théâtre du Bolchoï de Moscou lui ouvre ses portes. C’est pour lui l’occasion de présenter ses trois dernières créations, Tchaïkovski, La Giselle rouge et Hamlet russe, qui retrace la vie du tsar Paul Ier. Le succès est triomphal ; la presse russe le célèbre non seulement comme le seul chorégraphe qui puisse faire bouger la danse en Russie, mais reconnaît également sa troupe comme l’une des meilleures compagnies au pays. En février 2000, la direction du Bolchoï fait entrer le ballet Hamlet russe dans son répertoire.
En avril 1998, invité au City Center à New York, Eifman présente La Giselle rouge. Le succès est immédiat : le City Center l’invite à revenir dès la saison suivante pour deux semaines (janvier 1999) avec quatre programmes différents. Il devient un habitué et est à nouveau invité dans le cadre d’une tournée aux États-Unis en mars et avril 2002.
Début juillet 2001, le Théâtre du Bolchoï présente pour la première fois une rétrospective des ballets de Boris Eifman, et Monsieur Molière et Don Juan est présenté au Théâtre Mariinsky (l’ancien Kirov) de Saint-Pétersbourg. Au cours de la saison 2001-2002, la compagnie part en tournée en Israël, à Lyon, en France, en Espagne, en Corée et aux États-Unis. En 2002, Boris Eifman célèbre les vingt-cinq ans de sa compagnie et produit à cette occasion plusieurs de ses ballets au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg. En 2003, la compagnie s’est produite entre autres sur les scènes prestigieuses de Paris et de Londres. En juin 2004, Boris Eifman est invité par le New York City Ballet à créer une œuvre en hommage à Balanchine sous le titre de Musagete. Durant cette même année, il parcourt avec sa compagnie l’Italie, la Chine, la France, l’Europe de l’Est, l’Espagne, la Pologne et Israël. Le spectacle Anna Karénine, créé en avril 2005, est présenté en Europe en 2006. Sa création La mouette, librement inspirée de l’œuvre de Tchekhov, a été présentée à Saint-Pétersbourg en janvier 2007 et a tourné en mars et avril 2007 aux États-Unis.
Pendant la saison 2008-2009, l’Eifman Ballet Théâtre tournera en Espagne, en Hollande, en France, en Italie, en Israël, en Grèce, au Canada, en Finlande, en Chine et aux États-Unis. Sa prochaine création, Eugène Onéguine, tirée de l’œuvre de Pouchkine, sera présentée en première mondiale à Saint-Pétersbourg en mars 2009.
En reconnaissance de son impressionnante carrière, Boris Eifman a été promu Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par le gouvernement français.