Luca « Lazylegz » Patuelli est un b-boy, chorégraphe, éducateur et conférencier qui habite à Montréal, Canada. Luca est connu partout dans le monde grâce à son style de danse unique, qui utilise ses béquilles et la force de ses bras. Il a fondé et gère ILL-Abilities, une compagnie internationale de B-boy comprenant sept danseurs ayant des handicaps physiques. Il a aussi cofondé le mouvement RAD, connu comme le Projet RAD, le premier programme de danse inclusif et ouvert à personnes de tous âges et capacités.
Depuis 2018, dans les studios des Grands Ballets, Luca offre le cours Danse créative avec Lazylegz – Handicaps physiques.
Qu’est-ce que c’est la danse pour vous?
Pour moi, la danse est la forme ultime d’expression de soi. Je crois que la danse est l’une des rares activités au monde qui peut unir les personnes, indépendamment de leurs expériences, âges et capacités, sans jugement. Quand nous dansons, nous vivons un moment unique, nous habitons le moment présent et rien d’autre. C’est une célébration de la vie !
Pouvez-vous partager quelques moments qui vous rendent fier?
Je suis fier de tous les moments que je vis quand je danse. Que ce soit pour un public large ou plus modeste, je traite chaque performance comme si c’était la dernière. En considérant ma carrière, je peux être fier de beaucoup de choses, mais je crois aussi avoir beaucoup plus à accomplir.
Parmi mes réussites les plus grandes : ouvrir les Jeux olympiques de Vancouver en 2010; être sélectionné comme danseur principal pour la production française Orphée, présentée en Europe; fonder la compagnie d’ILL-Abilities; faire des tournées partout dans le monde; et, finalement, partager ma passion pour la danse avec de jeunes étudiants à l’international.
Quels sont les défis auxquels vous avez fait face?
Quand la danse devient notre profession, nous faisons face au défi constant de faire évoluer notre art, en s’adaptant au vieillissement et aux blessures qui viennent avec le travail, en plus du stress de rester pertinent dans un milieu très compétitif. Ces défis donnent à plusieurs danseurs le « feu » qui leur permet de continuer à travailler.
Au niveau personnel, je me suis cassé une jambe lors de ma première compétition en danse, j’ai souffert de nombreuses commotions et je me suis foulé tous les ligaments au cour de ma carrière. Chaque fois que je dois me remettre d’une blessure, je profite du repos pour découvrir de nouvelles façons de bouger mon corps et continuer à créer, dans le respect de mon corps.
Je crois fermement que tout le monde peut danser et que ce sont les plus petits mouvements qui font les plus grandes différences dans une performances La danse est énergie! Malgré tous les défis, il y a toujours une opportunité pour continuer à grandir, indépendamment d’où nous sommes dans notre carrière.
Quels changements aimeriez-vous voir dans le milieu de la danse dans les prochaines années?
Depuis que j’ai commencé à danser en 2002, la danse a acquis un rôle plus important dans notre société. Personnellement, j’aimerais que la danse soit intégrée dans les activités scolaires et dans l’environnement de travail. Je sais que certaines écoles ont déjà commencé à l’offrir et des bureaux offrent des opportunités de mouvement, mais je crois que, si la danse faisait partie de vie quotidienne de tous, nous habiterions dans une société plus harmonieuse!
J’aimerais aussi que le milieu de la danse devienne plus inclusif, ce qui aiderait notre société à devenir ce que j’appelle organiquement inclusif. Pour moi, le terme organiquement inclusif signifie que la société participe activement à rassembler les gens honnêtement et sans obligation. En faisant pression sur la société pour qu'elle soit inclusive, nous ne réussirons jamais à être une société inclusive, car les gens n'y participeront pas activement par eux-mêmes, cela ne sera pas sincère pour eux. Je crois que pour réaliser l'humanité fondamentale dans ce monde, nous devons être ouverts et accepter chacun pour ce qu'il est, prendre le temps d'apprendre les uns des autres et être fiers de chacune de nos différences. Ce sont les différences de chacun qui nous rendront plus forts.
Quel conseil donneriez-vous à un jeune danseur au début de sa carrière qui ne se conforme pas aux standards du milieu?
Ne lâchez pas et prenez la critique de façon constructive, pas personnelle. Prenez le temps de découvrir votre passion, n’ayez pas peur de reculer pour mieux vous reconnecter avec vous-même.
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