Depuis presque deux ans, le Centre national de danse-thérapie (CNDT) est heureux de collaborer avec l’École secondaire Gérard-Filion (Longueuil, Québec) pour offrir des séances de danse adaptée aux élèves autistes de l’école. Cette année, malgré les restrictions reliées à la Covid-19, c’est cinq classes d’élèves qui bénéficient des séances hebdomadaires en danse offertes par les professionnels du CNDT, George Stamos et Émilie Barrette.
Marie-Josée Roy, enseignante en adaptation scolaire à l’école, parle du projet et des bienfaits pour les élèves.
Je suis enseignante à l’école Gérard-Filion depuis plus de 10 ans et je travaille auprès de la clientèle des classes-relations depuis 5 ans. Depuis quatre ans, j’enseigne au programme de parcours axé sur l’emploi, qui permet aux élèves de développer leurs capacités en tant que futurs travailleurs. Nous avons pour objectif de parfaire l’autonomie dans toutes les sphères personnelles et professionnelles de l’élève. À titre de titulaire, je suis responsable de l’enseignement de plusieurs matières auprès de mes élèves. Les défis sont nombreux étant donné les caractéristiques uniques de chacun (adaptation du milieu physique, de la luminosité, du bruit, utilisation de séquences visuelles, diminution des verbalisations, etc.) Nous travaillons en équipe afin de mettre en place un climat propice aux apprentissages pour tous. Nous essayons de leur faire vivre une panoplie de situations et de projets afin d’ouvrir leur horizon sur les possibilités qui leur sont offertes, tout en respectant les balises de chacun. Les élèves TSA ont besoin de repères au niveau du temps, de l’horaire, de l’espace. L’environnement de nos classes est adapté afin de diminuer le plus possible les stimuli visuels, auditifs, sensoriels… Chaque jour nous vivons de petites réussites avec eux et nous les savourons pleinement! Nous tentons de faire évoluer chaque élève en fonction de ses besoins et de ses capacités.
Les séances nous permettent une dépense d'énergie chez les jeunes et un retour au calme qui favorise les apprentissages. Nous sommes également en mesure de faire des liens entre la danse, le mouvement du corps et les émotions par le biais des différentes activités vécues dans le cadre des ateliers. Il nous est plus facile de faire des liens avec certains concepts vus dans les séances lors de moments plus anxiogènes vécus dans la classe. Plusieurs élèves en sont également à leur première expérience en danse, ce qui nous permet de travailler leur adaptation à un nouveau local (auditorium) et à de nouvelles figures d'autorité. Ils doivent interagir avec les professeurs sans les connaître au début!
Nous sommes impressionnés par leur créativité et leur disponibilité lors des séances. Les élèves n’ont pas tous la même ouverture par rapport à la danse, donc certains sont plus réfractaires que d’autres au départ. C’est intéressant de constater, au fur et à mesure que les séances se déroulent, l’évolution de chacun. Tous ont fait des progrès! Certains élèves n’étaient même pas capables de rester physiquement dans l’auditorium! Maintenant, ils acceptent même d’effectuer quelques activités. Les ateliers sont également bien montés afin de répondre aux besoins d’un plus grand nombre d’élèves. Certains aiment le jeu du rythme, d’autres celui du miroir ou certains les déplacements. Ils s’épanouissent tous et chacun. Je suis particulièrement fière de plusieurs élèves qui nomment depuis quelques semaines à la fin de l’activité qu’ils se sentent bien! Nommer une émotion est très difficile pour certains élèves autistes… C’est une belle réussite!
Le principal défi a été au niveau financier. L’équipe d’intervenants a toujours été très positive par rapport au projet. L’école nous a toujours appuyé dans nos démarches pour l’implantation de ce projet au sein de nos classes-relation; par contre, les budgets étant limités, nous avions un manque monétaire et, après une première année de succès, nous n’étions pas capables de nous engager pour une deuxième année. Par chance, la subvention de l’Agence de la santé publique du Canada, obtenue par Les Grands Ballets Canadiens nous permet de vivre l’expérience pour une 2e année!
Avec la pandémie, nous avons dû faire face à certaines contraintes, mais au final nous avons réussi à établir une routine et un horaire stable pour les élèves et l’accompagnement par Émilie et Georges favorise la réussite de ce projet. Les élèves respectent le concept de bulle-classe pour le projet. Ils portent tous le masque pendant l’activité et la désinfection des mains se fait avant et après l’activité. Les professeurs se sont également adaptés à la nouvelle réalité du milieu. De plus, nous avons accès dans notre milieu à un grand auditorium, ce qui nous permet d’effectuer des activités qui demandent plus d’espace tout en respectant les mesures sanitaires.
L’anxiété est déjà présente chez nos élèves année après année. Par contre, avec la situation de la pandémie et les mesures sanitaires imposées dans les écoles, nous avons pu observer une augmentation de celle-ci.
Il nous semblait donc primordial de trouver des moyens de faire diminuer le niveau d’anxiété présent afin de favoriser les apprentissages chez nos élèves. L’activité physique a fait ses preuves depuis des années. Chaque jour, nous nous efforçons de faire bouger les élèves le plus possible à travers différents projets. Les ateliers de danse adaptée sont venus compléter ces moyens en favorisant une dépense énergétique et un approfondissement de la gestion de son corps et des émotions.
De belles histoires il y en a plusieurs!
Par exemple, un élève qui participe pour la 1re fois en deux ans aux ateliers !
Ou un enseignant qui a vu une élève sourire de manière franche pour la première fois depuis le début de l’année. En classe elle est généralement renfrognée et ‘’dans sa bulle’’. Durant la séance de ‘’Bouge tes fesses’’ (nom de notre projet de danse adaptée) elle était celle qui s’élançait avec le moins de retenue dans les différents mouvements et son sourire béat voulait tout dire.
Pour ma part, nous avons également été en mesure de désamorcer certaines situations négatives avec un élève en participant activement avec lui dans le cadre d’une séance. Nous croyons fortement que l’élève n’aurait pas été en mesure de terminer sa journée s’il n’avait pas participé à son atelier de danse adaptée.
Je suis agréablement surprise à chaque fois que nous terminons un atelier par la créativité, l’aisance et la participation des élèves. Ce sont des élèves imprévisibles et dans le contexte des ateliers, c’est tout simplement magique! Nous cheminons avec eux chaque semaine, les ateliers ont un bienfait positif sur eux et sur nous, les intervenants. Ce sont des moments privilégiés que nous avons la chance de vivre avec eux et l’équipe d’enseignants du CNDT.
Restez à l'affût des nouvelles et promotions du Centre national de danse-thérapie