De Stijn Celis
Celle qui, dit-on, aurait perdu sa chaussure retient seulement quelques rudiments du conte de Perrault; les motivations des personnages y sont, il est vrai, profondément différentes. On y perd pied plutôt que sa chaussure et les chemins de l’amour pour la belle et son prince s’avèrent des plus entortillés. Fin observateur de la société, le chorégraphe, pour qui la tradition est une force vive, utilise le conte de fées pour interroger les valeurs actuelles et nous plonger dans un univers où se joue la modernité des relations humaines.
Stijn Celis va bien au-delà de l’histoire connue et ancrée dans la culture occidentale. C’est plutôt dans un monde contemporain en déroute, incarné par des décors difformes jonchant le sol comme à la dérive, et au cœur d’une famille dysfonctionnelle, qu’évolue notre héroïne. Inspiré par la musique de Prokofiev, terrain de jeu des plus fertiles s’il en est un pour le chorégraphe, ce dernier a conçu une œuvre sur les rapports entre la réalité et le rêve, le féminin et le masculin, se réappropriant les qualités propres à chacun pour exprimer des paradoxes et sentiments profonds.
Gestuelle, attitudes physiques et vestimentaires, y font écho. Guidée par la mémoire de sa mère disparue, Cendrillon est une jeune femme abandonnée qui aspire à l’amour. Sa belle-mère et ses demi-sœurs capricieuses sont incarnées avec humour par des hommes, la marraine est en fait une mère-fée et le prince est prisonnier des conventions sociales de son milieu. Au-delà de l’histoire d’amour, ce ballet s’intéresse à la transfiguration intérieure des personnages dans un univers en quête de sens et célèbre le triomphe de l’authentique sur le superficiel.
Serge Prokofiev et Les Baxter
Stijn Celis
Catherine Voeffray
Marc Parent
Created for
Les Grands Ballets Canadiens de Montréal (October 2003 - Place des Arts, Montréal)
Number of dancers 27 — Length 95 min. (with intermission)