D'Etienne Béchard
Avec l’Orchestre des Grands Ballets
Le chorégraphe visionnaire Etienne Béchard marie habilement danse classique et actuelle pour offrir une interprétation renouvelée de Blanche-Neige, le célèbre conte des frères Grimm. Au cœur de son œuvre se posent les mêmes questions universelles : vérité, illusion et quête d’identité. Le Miroir, personnage omniprésent, joue le double rôle d’observateur et de narrateur, reflétant les tensions entre authenticité et apparence. La Reine, prisonnière de son obsession pour la beauté et le pouvoir, lutte contre le passage du temps et ses propres angoisses, tandis que Blanche-Neige, exilée, entame un voyage initiatique. Guidée par sept figures mystérieuses dans une forêt envoûtante, elle découvre peu à peu la voie de l’acceptation et de la résilience.
La musique, véritable fil rouge, magnifie cette nouvelle narration avec des œuvres emblématiques de Bach, Saint-Saëns et Dukas. Le lumineux Concerto pour violon en mi majeur de Bach et la captivante Danse macabre de Saint-Saëns tissent une toile sonore qui alterne entre lumière et obscurité, soulignant les moments d’intensité dramatique.
Avec cette création, Etienne Béchard dépasse les limites du conte classique pour offrir une réflexion intemporelle sur la fragilité et la force de l’âme humaine.
Cette formation est forte de 43 musiciens et solistes de haut niveau. Notre Orchestre est engagé depuis plus de trente ans dans le succès des Grands Ballets.
Prologue
Au commencement, il n’y a qu’un reflet.
Le Miroir, créé pour révéler ce qui est caché, interroge pourtant sa propre nature.
Est-il vérité? Illusion? Ou simple conscience logique?
Autour de lui, des intelligences artificielles se déploient comme des éclats de verre, des doubles incertains, des calculs instables.
Et dans cet entrelacs de reflets, quelque chose insiste.
Une mémoire.
Une image.
Un nom.
Alors, lentement, le récit s’assemble. Et du plus lointain des souvenirs remonte une phrase, fragile, ancienne, presque oubliée : il était une fois.
Acte I
Blanche-Neige revoit l’enfant qu’elle fut, figée sous le regard glacé de sa marâtre, la Reine. Ce regard, jamais adouci d’une tendresse ni réchauffé par la moindre affection, trace déjà les contours d’un destin brisé.
Aujourd’hui, dans la cour du royaume, Blanche-Neige est aimée et respectée. Mais l’harmonie vacille lorsque la Reine fait son apparition, escortée par Chavallant –qui incarne les personnalités du chasseur et du prince charmant– et de ses armées d’intelligences artificielles. Leurs regards se croisent. La beauté éclatante de Blanche-Neige devient insupportable à la Reine, dont l’image intérieure se décompose lentement. L’envie infiltre les fondations du pouvoir, et le royaume tout entier semble s’enrayer.
Obsédée par le passage du temps, la Reine se tourne vers le Miroir. Le dialogue qu’elle engage n’est qu’un reflet de ses peurs les plus profondes : vieillir, disparaître, perdre tout éclat. Peu à peu, ces angoisses prennent la forme de cauchemars ; elle voit Blanche-Neige se multiplier, l’envahir, la remplacer. Prisonnière de sa propre logique, elle ordonne l’exil de sa fille. Blanche-Neige fuit à travers la forêt, traquée par Chavallant.
Acte II
Épuisée, Blanche-Neige s’enfonce dans la forêt, sombre et mystérieuse. Chavallant la retrouve, décidé à la tuer. Dur et brutal d’abord, il vacille devant son regard. Pour la première fois, il doute et renonce.
Pendant ce temps, la Reine, obsédée par l’idée d’échapper à la mort, fusionne avec la machine et devient la Sorcière. Dans un jeu de reflets et de mouvements, elle s’impose, tandis que la Reine disparaît, avalée par ce qu’elle a voulu devenir.
Perdue dans les profondeurs de la forêt, et d’elle-même, Blanche-Neige fait face à des ombres, des silhouettes mouvantes, insaisissables. Les Sept fragments d’elle-même, éclatés, divergents, autant de facettes d’un moi en quête d’unité. En les accueillant, elle puise la force de se relever, et de poursuivre ce qui n’est plus une fuite, mais un destin à embrasser.
La Sorcière, alors dépourvue d’humanité, traîne derrière elle le sillage de sa métamorphose. À mesure qu’elle progresse, le poison se répand, insidieux et inévitable. Quand tout semble figé, une pomme glisse des mains d’un corps inerte.
Chavallant est alors saisi par la lucidité brutale de sa responsabilité. Il comprend qu’il aurait pu empêcher l’irréparable. Une confrontation violente s’installe entre la Sorcière et Chavallant, entre triomphe et remords. Alors s’élève, du fond de la mémoire, la figure d’une innocence perdue, l’éclat de l’enfance sacrifiée. Face à ce qu’elle a détruit, la Sorcière vacille. La culpabilité l’enlace, l’engloutit. Elle chute.
Le Miroir propose un choix : redonner souffle à Blanche-Neige, au prix de son humanité. Après une hésitation, Chavallant accepte. Blanche-Neige revient, altérée, froide, optimisée. Il choisit de l’aimer telle qu’elle est devenue.
Le Miroir, témoin impassible, referme le récit.
À PROPOS DU SPECTACLE
Durée totale:
1h45, incluant l’entracte
LES GRANDS BALLETS
Camille Saint-Saëns
Le Carnaval des Animaux, R.125, 7. Aquarium
Le Carnaval des Animaux, R.125, 9. Le coucou au fond des bois
Introduction et Rondo capriccioso en la mineur, op. 28, R.188
Danse macabre, op. 40
Bach recomposé par Johan Ullén
Concerto pour violon en ré mineur, BWV 1052R, I. Allegro
Concerto pour violon n°1 en la mineur, BWV 1041, I. Allegro moderato
Concerto pour violon en la mineur, BWV 1041, III. Allegro assai
Concerto pour violon en sol mineur, BWV 1056R, I. Allegro moderato
Paul Dukas
L’Apprenti sorcier, scherzo
Wilhelm Friedemann Bach
Symphonie en ré mineur, FK.65, 2.1. Adagio
Ottorino Respighi d’après J.S. Bach
Passacaille, P.159 (d’après BWV 582)
Dustin O’Halloran inspiré par J.S. Bach
Minim
Compositions originales d’Etienne Béchard
Reflections of Truth
Aging you Fear
Live, Age, and Die
Shadows of Confinement
Fruit défendu
Le Miroir