Le Centre national de danse-thérapie prend part à plusieurs projets en partenariat avec des initiatives communautaires. C’est notamment le cas de Connexions Nord qui propose depuis 2021 des ateliers de danse créative aux jeunes via le CNDT, ceux-ci étant souvent issus de communautés des Premières Nations, Inuit et Métis. Sandra Bach est psychothérapeute autorisée et, grâce à la formation de la Voie Alternative offerte par le CNDT, elle est praticienne en danse-thérapie. Ci-dessous, Sandra partage son expérience de connexion par le mouvement avec Connexions Nord.
« J’habite à Ottawa, là où la rivière Kitche Zibi relie les êtres par le mouvement depuis des millénaires. J’ai plusieurs collaborateurs thérapeutiques autochtones dans le territoire Anishiinaabe et je reconnais ainsi mon rôle et mes responsabilités dans cette dynamique. Je m’efforce d'honorer cet engagement et mes mentors autochtones en marchant (et en dansant !) doucement sur la Terre. C'était le printemps 2021 et j’étais dans mon studio à Ottawa, face à mon ordinateur portable. Depuis leurs fenêtres Zoom, quinze élèves de 2e et 3e année de l'école publique de Sioux Mountain à Sioux Lookout, une ville de 5 000 habitants située entre Thunder Bay et Winnipeg, me regardaient. Dans ces 15 carrés individuels, j’étais témoin en instantané de vies de famille bien occupées : petites sœurs, papas, trampolines, sandwichs au fromage grillé, dinosaures en peluche scintillants et parfois chat curieux.
Depuis nos espaces séparés par deux-mille kilomètres et une pandémie mondiale, nous étions sur le point de bouger ensemble, collaborer pour créer un langage et une expérience partagés à travers le mouvement et la musique.
La vitalité et l'excitation émanant de mon écran étaient palpables et je m'émerveillais à nouveau de la façon dont les enfants incarnent le mouvement de manière organique et holistique. Lors de l’échauffement sur "Show Me Your Style" des Northstars, ils se balançaient "comme des arbres dans la brise" et ils tournaient leurs épaules "comme de grosses pattes d'ours dans la neige". J’ai vu des sauts d'étoiles spontanés, des mains de papillon et des pieds d'éléphant. Je notais l'effet contagieux sur ceux qui partageaient l’espace avec les enfants lorsque les parents, les frères et sœurs et les animaux de compagnie se joignaient à la danse. Nous nous déplacions ensemble et séparément dans l'espace virtuel de Zoom, trouvant des moments entre le lourd et léger, l'immobilité et le chaos, la lumière et l'obscurité. Nous incarnions les aurores boréales, le vent, les oiseaux, les pierres et l’eau. À la fin, nous nous sommes reconnectés à nous-mêmes par la respiration; mains sur le ventre et allongés sur le sol. Alors que nous nous éloignions de cette expérience partagée, je les encourageais à continuer à danser, à respirer et à rester connectés.
Mon objectif pour ces ateliers de mouvement créatif était de favoriser un vocabulaire de mouvement accru, l'inter- et l’intra-connectivité, la créativité et une opportunité d'expression, de libération et de régulation dans un cadre culturellement sûr. De plus, je voulais introduire des compétences et des stratégies d'adaptation simples et reproductibles qu'ils pourraient pratiquer par eux-mêmes par la suite.
En réfléchissant à tout cela, je me demandais également si, en ces jours difficiles et isolés de la pandémie, ce que nous nous sommes offerts les uns aux autres n’était pas après tout une expérience incarnée de communauté, d'espoir et de joie. »